LA PASSE HIRIA DE TIPUTA

L’ancien nom de la passe de Tiputa était « Hiri’a mata o Vavau » et le site de Tiputa s’appelait « Te Ava Nui ».

La passe Hiria, qui sépare le motu de Avatoru de celui de Tiputa sur l‘atoll de Rangiroa, de 400 m de large, 900 m de longueur a une profondeur variant entre 14 et 39 m. Un point de vue a été aménagé sous le couvert de magnifiques tahinu, pour admirer la passe Hiria. Les gens de l’île viennent bavarder ou contempler le paysage. Les embruns sont abondants, le vent parfois violent, les vagues se fracassent sur le récif, le bruit est assourdissante. Il y a en ce lieu quelque chose de magique…Le courant de la passe est impressionnant et tumultueux, mais les dauphins le remontent avec aisance. Ces élégants cétacés nous ravissent de leurs cabrioles. Pour les apercevoir, il est préférable de venir très tôt le matin ou en fin d’après-midi, a partir de 16 heures. Lorsque la mer est agitée, c’est encore mieux.

Une belle et ancienne légende polynésienne raconte comment sont apparus les premiers dauphins:

Un père seul avec six enfants

Il y a très longtemps, un homme qui avait perdu sa femme se retrouvait seul avec ses six enfants. Un jour, il décida d’aller avec eux pêcher dans le lagon. Ensemble, ils ramassent des pahua (bénitiers), des maoa (gros bigorneaux), des vana (oursins) et ils pêchent quelques poissons, des paihere (carangues), des roï (mérous), des iihi (rougets) et des ume (nasons). Content de la journée, le père propose un concours de plongée aux enfants : le gagnant aura la plus grosse portion de poe (purée de fruit mélangée avec du lait de coco) au repas du soir.

Les six enfants plongent ensemble hors du bateau. Le papa commence à compter les secondes :

Hoe, piti, toru, maha… (un, deux, trois, quatre…).Il est très fier de ses enfants :

– Mes enfants sont les meilleurs, ils sont tous de bons plongeurs !Mais ils mettent si longtemps à réapparaitre qu’il commence à s’inquiéter. Il a maintenant très peur pour ses enfants 

Soudain six animaux qu’il n’avait encore jamais vus jaillissent hors de l’eau ! Ils font des taviriviri (des vrilles) et retombent dans l’eau avec de gros ploufs. Ils nagent autrement que les poissons et viennent respirer de l’air à la surface de la mer. Surtout, ils ont comme un bec avec de grands sourires et ils jouent gaiement sous ses yeux. Brusquement, le père désespéré comprend que ces animaux sont ses propres enfants qui se sont transformés. Ils peuvent maintenant rester sous l’eau de nombreuses minutes car ils sont devenus des animaux marins. Dauphins dans la passe Hiria de Tiputa, Rangiroa. 

Aujourd’hui encore, leurs descendants se souviennent qu’ils étaient humains auparavant et c’est pourquoi ils aiment jouer avec les humains, rester auprès d’eux, leur donner un peu de joie. 

crédit photo Bernard BEAUSSIER

Le motu Nohi Nohi

Le motu Nohinohi situé au milieu de la passe Hiria de Tiputa avait autrefois deux noms : Hitiroa et Motu Tapu (idem à Pora Pora). Ce motu apparaît comme un simple banc de sable émergé au droit de la passe. Le littoral du motu qui fait face à la passe est soumis aux houles du large et est plus abrupt. Le petit motu a perdu toute sa végétation avec le cyclone de 1983.Ce site, utilisé par les clubs de plongée pour les initiations, est aussi fréquenté par les bateaux à fond de verre. La population de poissons est intéressante, au point de vue diversité et quantité (115 espèces dénombrées en 40 minutes). Le nourrissage des poissons, et l’absence d’activités de pêche ont permis la fixation de plusieurs banc de piscivores (perches notamment) et ont généré un comportement peu craintif des poissons vis-à -vis de l’homme.Il y aurait une “pierre manamana” sur ce motu et un escalier en pierres qui permet de descendre dans l’eauCommentaires



Sources :Pierre Ottino, Ethno-Histoire de Rangiroa, ORSTOM, Tahiti, 1965.

Olivier Babin 10/07/1998 site web TAHITI HERITAGE